Le départ des ânes de Jules Rieffel
Dimanche dernier, c’était le grand départ pour les ânes de Jules Rieffel pour deux jours de transhumance. Laurent Richard, encadrant du chantier d’insertion « Gestion des espaces » pour l’Atelier de la Fée au Duc, nous raconte. 30 mars 2024
Dans un poème, René Char disait « ce qui vient au monde pour ne rien troubler ne mérite ni égards ni patience ».
En rencontrant pour la première fois Clooney, Courtiz’âne et Churros, ce 10 janvier, Bernadette Papillon, animatrice de Payz’ânes, acceptait de s’exposer au trouble du monde et savait les trésors d’attention qu’elle allait devoir apporter, l’exigeante patience qu’elle allait devoir déployer, pour pouvoir adopter nos trois ânes.
Elle savait que le moment du voyage serait le passage difficile de l’adoption, car source de stress pour ces animaux habitués à vivre paisiblement dans les prés de Rieffel en troupeau depuis plus de 10 ans. Et Churros, Clooney, Courtiz’âne n’ont pas failli à la réputation de leur espèce. Le moment de la montée en van fut une vraie épreuve de courage pour tous, ânes et hommes, et ce, malgré la préparation que les salariés du chantier d’insertion et moi avions menée pendant plusieurs semaines.
Les jours passaient. L’échéance d’une première tentative de voyage arrivait. Et la porte arrière jamais ne se fermait.
Contre toute attente, ce fut Churros, le plus craintif, resté si longtemps campé les antérieurs vissés sur le bas de la rampe (alors que Clooney et Courtiz’âne broutaient déjà leurs carottes au fond du van) qui est rentré le premier dans la boîte. Le 7 mars, il quittait le lycée Rieffel et partait seul par la route vers St-Lumine-de-Coutais. Un très grand pas dans sa vie !
Quant à Courtiz’âne et Clooney qui ont maîtrisé très tôt la combinaison van-carottes, elles ont obstinément refusé le van les deux jours où on les y attendait. Face à cet échec, Bernadette, soutenue par les membres de son association, a choisi de transformer la difficulté en une riche expérience, en organisant le voyage à pied.
Trois semaines après Churros, le dimanche 24 mars, nos deux ânesses accompagnées de cinq amoureux des ânes, partaient pour deux jours de transhumance à travers ville et campagne. 45 km entre St-Herblain et St-Lumine-de-Coutais, empruntant la vallée de la Chézine, passant par le centre de Nantes, pont Anne de Bretagne, pont des 3 continents. Puis la vallée de la Jaguère, entre Rezé et Bouguenais, pour enfin franchir le périphérique vers Pont-St-Martin, terme de leur première journée, où tous furent accueillis au château de la Rairie.
Au terme du deuxième jour, le 25 mars, Courtiz’âne et Clooney arrivaient (enfin !) à La Raingeardière, lieu de leur nouvelle vie.
Cette transhumance fut une formidable expérience, durant laquelle Bernadette, ses amis, Clooney et Courtiz’âne se sont profondément découverts, ont renforcé leurs liens de confiance et de complicité. Nos ânesses ont révélé leur capacité d’adaptation et de self-control en de nombreuses conditions d’environnement nouvelles : voitures, tramway, groupes de jeunes enfants à Procé et devant l’éléphant, chiens en liberté, passerelles bois… qui ont étonné et ravi tout le monde !
Nous trois ânes ont maintenant rejoint le troupeau des cinq ânes de Bernadette et commencent une nouvelle vie avec elle au service de la médiation animale, de la randonnée et de la découverte des paysages du lac de Grand-Lieu. Belle et longue vie à eux. Et beaucoup de plaisir à Bernadette et à ses amis de Payz’ânes Estelle, Isabelle, Gilles, Marie-France…
Pour vous imprégner davantage de cette belle aventure, en photos et vidéos cliquez ici.
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Merci à Pauline Malval, qui ne veut pas d’ânes dans son jardin, mais qui n’a jamais manqué de veiller au grain.
Merci aux salariés du chantier d’insertion pour toutes les bonnes attentions qu’ils ont portées quotidiennement à nos compagnons de prairie, et pour leurs récits d’autres cultures asines à travers le monde.
Merci à Firmin Yamali et à ses élèves du mercredi après-midi pour leurs soins attentionnés et pour les balades avec nos ânes, lesquelles, sans le savoir, les préparaient à cette longue transhumance.
Merci à Cédric Godard pour ses conseils de parcours, avec notamment la découverte de la vallée de la Jaguère.
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